Jessica Trump

Nous avons demandé à Jessica ce qui l’avait poussée à jouer avec le feu, elle nous répond : “La Nature, que ce soit sous forme de plantes ou d’animaux, semble toujours se frayer un chemin dans ma vie. Du coup dans mon parcours artistique pareillement… Même quand j’essaie de faire un portrait dans des conditions minimalistes, avec une découpe propre, voulue sans oripeaux, un bouquet de fleurs, des feuillages, que sais-je, une oreille de chat, trouvent toujours un chemin dans mon cadre. Pour commencer donc : chercher une bonne raison à cela. Puis, parce que je voulais rester fidèle à mon enfance, dans laquelle, comme beaucoup de petites filles, j’ai rêvé d’être danseuse et comédienne, je fais en sorte que le simple pouvoir d’un index sur une machine me renseigne sur ces aspects-là de ma vie”. Née en 1981, Jessica Tremp a grandi en Suisse avant de s’installer à Melbourne à l’âge de 18 ans.

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Née en 1981 à Perth (AUSTRALIE)

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Portfolio

Ce que l'on dit à propos des fleurs

Par Jean Cirsbère

Entre l’homme et la nature, quelque chose semble s’être définitivement rompu : il est trop tard. Pour qui encore voudrait y retourner, comme Jessica, l’appel de la forêt n’est plus celui du retour au bercail, désormais l’on s’y noie, l’on s’y perd, prière nous est demandé de rester au seuil des sylves. Dès lors, existe-t-il encore un chemin ? Une façon de parler à nouveau la langue des champs?

Dans sa série “atomic occasions”, une première expérience est tentée… Sur un tapis artificiellement bucolique -pour ne pas les effrayer ? – des espèces végétales acceptent de nous renseigner du vocabulaire originel, et comme un casque à murmures, des coiffes champêtres fredonnent à des jeunes filles en fleurs, le trou de verdure où elles sont nées. Ainsi parées, des connections de sèves et de chevelures infusent les rêves de ces étudiantes 

l’heure sévère est à la sieste, à l’apprentissage extatique de l’accent pastoral… Et pourtant, cela ne suffira pas. En face, ça résiste. Il y a de l’hostilité. Diplômées des fleurs et des champs, c’est bon pour les contes de fées, mais en réalité, à se plonger plus tard dans la vraie création, celle qui a des ronces, ce n’est plus la même histoire : elle se rebiffe, elle griffe, vous enserre, balaie d’un revers de branche tous vos efforts, non décidément il n’y a plus de place pour nous.

“Over unto silence”, comme un contrepoint à “Atomic occasions”, est ce revers de la médaille, ou plutôt de la couronne de fleur posée sur le tombeau d’un fol espoir; je t’aime un peu, à la folie, pas du tout, que reste-t-il de nos amours fanées ? Pas le moindre pétale ma pâquerette… Chassés du paradis, chassés de l’âge d’or, il aurait fallu montrer patte blanche, nous les avons noires de tant d’indicibles poisons… Une autre idée ? Reste-t-il un sujet d’étude, pour trouver, peut-être, un antidote, une ruse pour y retourner ?

Deuxième tentative : un safari de fleur ? Derrière des barreaux de verre, on a pris moins de gants cette fois, la méthode douce c’est fini, un peu d’eau et c’est tout. Passons par l’analyse longue et minutieuse de ces espèces que l’on avait tenté d’amadouer, la série s’appelle : “Time is the days melting away like butter”. Nous avons les moyens de vous faire éclore ! Un peu moins d’eau, prêter l’oreille, nous tomberons bien sur une traitre,

une fleur qui craque, nous redonne la permission des pâturages. Sous le spot d’un éclairage de bureau,on s’apprête à inciser, arracher des pétales, prélever des échantillons, elle finiront bien par livrer leur secret, après tout ce ne sont que des fleurs. Mais rien, elles tiennent bon les garces, préférant plutôt mourir que de donner des noms, oui décidément : c’est à pleurer.