Michael Garlington

Né en 1977 dans la petite ville de Petaluma, Californie, Michael Garlington a vécu la majeure partie de son existence sur les pourtours brumeux de la “North Bay” de San Francisco, la même qu’on voit dans les “oiseaux” d’Hitchcock… La photographie rentre dans sa vie à l’adolescence : il en abandonne l’école et commence à travailler à temps plein dans le labo photo de son beau-père. Puis, 18 ans et il fait ses premières expériences de prise de vue, ça lui plaît, de toute évidence il a fait le bon choix : il ne décrochera plus… Deux ans plus tard, muni d’une cinquantaine de ses meilleures images, il décide de frapper à la porte de la galerie du coin. Le galeriste, qui n’a pas le temps, se méfie tout de suite de son jeune âge, mais parce que le talent est là, du bout des lèvres, finit par lui lâcher : “Eh bien, c’est pas mal. J’aime plutôt.” Et pensant que le gamin ne pourra jamais fournir plus que ça, il ajoute : “Reviens demain avec d’autres impressions.” Surprise, à la première heure, le lendemain, Michael est bien là et avec une centaine de nouvelles créations,  il est signé sur le champ. Sa carrière était lancée…

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Né en 1977 à Petaluma (USA)

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Le Freak c'est chiche !

Par Messaline Dubois

Landau abandonné, enfant géant, Venus noyée et baptême qui tourne mal, couple à tête de Melon et célibataire aux pieds des pissenlits, sœurs d’Estrées cousines de “Z” et frère KKK en négatif inversé, Sapiens-corbeau et homo-serpents du bayou, circassiens et déglingués de toutes sortes : levez-vous ! Au loin n’entendez-vous pas l’orgue de barbarie ? Le chapiteau noir est dressé, c’est l’international du bizarre, bienvenu dans la famille Garlington, pas Adam’s : Garlington. “Mike photographie des gens. Des gens dans des situations étranges”, voire complètement baroques…

Et pour cela il travaille à l’ancienne, non seulement à la chambre, mais aussi sans souci de retouche : tout est fait “main”. Souvent planqué comme l’homme éléphant sous un linge épais avec pour seule cyclope vers le monde, l’œilleton de son auguste machinerie, il convoque le cirque charbonneux de toutes les excentricités. En fait, nous dit-il : “plus c’est barré et plus ça me plait…” La confirmation on l’a, et à tous les étages s’il vous plaît, ou plutôt à tous les sous-bassement : d’en-dessous ça dévore tout, Morphée travaille à la cave et a ses sympathies pour Cthulhu, Mike en porte drapeau d’une dimension quatrième…

Des références, il y en a, beaucoup, partout, le cinéma bien sûr, Lynch en tête, mais aussi la pellicula des années 50, Bergman, Fellini, Ed Wood, l’on y constate un goût tout californien pour l’oxymore, l’impudeur et un recul assurément satirique pour l’american way of life… “Bizarre vous avez dit bizarre”, l’invitation de Mike est adressée au parallèle, elle est sa façon d’aborder des réalités en marge, celles dissimulés par la bienséance, la pudicité, il y va chercher ceux qu’en temps de morale ordinaire -pardon pour le pléonasme, on cache à la vue et au su de tous. On sait pourtant qui “ils” sont , on sait “qu’ils” sont là, on les a déjà vus, au moins une fois, quelque part, mais ce sein que l’on ne veut accepter d’eux, on le fait pincer par les autorités, pour qu’il retourne sous le tissu, déjà qu’on tolérait le décolleté…

Parce qu’aujourd’hui médiatisés : handicaps, asile, prison, sont finalement devenues des parties quelque peu spectaculaires de la face lunaire de nos sociétés, mais que dire des déviances non collectives ? Que dire des morales mutantes, individuelles, celles qui interrogent le mode de vie dominant : ses valeurs, ses fondations ? Autant de virus isolés qui un jour pourraient se transmettre, s’inoculer…

Un virus par l’image ? Mike est ce montreur -au sens premier du terme, pas d’ours mais de femmes à barbe, pas de colonie de puces savantes mais de siamois vengeurs, mutations oui, des âmes nouvelles, des armoiries carnavalesques. En maître de cérémonie Mike fait applaudir tohu-bohu et sabbats, leurs habitants sur la place photographique, il les convoque à grand renfort de roulements de tambours et d’éclats de cimballes : mauvaises mères, stériles volontaires,

charmeurs de sauriens et contempteurs de vertus, excentriques heureux, bien dans leur écailles, artistes et gitans, commando fada, vivants qui vivent de leur vivant et ce même dans leur mort. Un florilège de comment se différencier en occident, une attaque en règle de son dress code, mise à sac de l’administration judéo-chrétienne, de l’ennui légiférée, la mauvaise réputation aurait-dit la grande moustache : bien l’bonjour à tout ce qui emmerde le bourgeois.

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